L’apparition de clusters dans des maisons de retraite, au sein desquelles plus de 80 % des résidents ont été vaccinés, incite les médecins coordonnateurs à alerter les autorités sanitaires.

L’Association nationale des médecins coordonnateurs en Ehpad et du secteur médico-social (MCOOR) a lancé, fin mars, une enquête nationale afin de connaître l’évolution de l’épidémie de Covid-19 dans les maisons de retraite après les campagnes de vaccination.

Les premiers résultats montrent que lorsque des clusters apparaissent, « un certain nombre de résidents nécessitent une hospitalisation, et certains parmi eux décèdent de l’infection »​, s’alarme Gaël Durel, président de Mcoor.

Les médecins rappellent la nécessité d’un séquençage systématique, lorsque des cas de Covid sont détectés dans les Ehpad. « Le variant anglais circule partout en France. » ​Mais dans certains départements, comme la Moselle, « le variant sud-africain est très présent, même s’il est en diminution ».

Dans d’autres régions, « on a des cas isolés de souche brésilienne ou sud-africaine, avec une efficacité moindre de la vaccination dans ces cas-là ».

Une vaccination du personnel variable

Si, en France, les résidents sont vaccinés dans leur très grande majorité, ce n’est pas forcément le cas du personnel. « Les situations sont très variables d’un établissement à un autre. J’ai visité un Ehpad où 98 % des employés étaient vaccinés. Dans un autre, quelques kilomètres plus loin, ils n’étaient que 60 % »​, déplore Gaël Durel.

Il rappelle, qu’en Ehpad, 25 % des personnes de plus de 80 ans positives au Covid décèdent, contre 8 % dans la population générale, à âge équivalent. D’où l’importance de maintenir les gestes barrières, même si le gouvernement a annoncé un assouplissement des mesures.

Lorsque les repas en famille sont autorisés, « ils doivent s’accompagner, au retour dans l’établissement, d’un isolement d’au moins sept jours et d’un test PCR avant qu’il ne se termine, que les résidents soient vaccinés ou non »​, préconise l’association.

« C’est au moment des repas que les contaminations se font, si une distance de deux mètres n’est pas respectée. » ​Alors que le risque est faible, « lors d’une promenade ». ​Mcoor insiste sur l’importance de la vaccination pour les proches, « dès que la possibilité leur est donnée ».

Des infections problématiques

En dehors des formes graves, malgré le vaccin, les personnes âgées peuvent développer des infections peu sévères. Ces dernières affectent parfois durement leur état de santé. « Il ne faut pas oublier que nos résidents souffrent, en moyenne, de huit pathologies. »

Une forme peu symptomatique du Covid peut entraîner de la dénutrition, des insuffisances rénales, de la grabatisation. Problème : « À certains endroits, la saturation hospitalière rend difficile la prise en charge, en raison du manque de place dans les services non-Covid. »

Enfin, il existe des formes longues de la maladie pour lesquelles les données en Ehpad sont encore insuffisantes. Mais, « l’asthénie (fatigue intense) persistante et la diminution de l’activité physique sont des éléments qui diminuent de manière importante la qualité de vie des résidents ».

Point positif : depuis le début des campagnes de vaccination, « nous constatons une diminution majeure du nombre de nouveaux cas ainsi que du nombre d’hospitalisations et de décès ». ​D’où la nécessité de ne pas baisser la garde.

CREDIT PHOTO: LE POINT