« La moisson est grande, mais les ouvriers sont peu nombreux » dit la Sainte Bible. Mais, ce matin, même s’il est vrai de dire que l’équipe du « contracteur » Rajesh Callycurn était restreinte, on peut affirmer que le coup d’envoi de la coupe à Constance La Gaieté a bien démarré. Un peu comme cela a été le cas pour Alteo lundi dernier.
Ce matin, en fait, une dizaine de coupeurs de canne, hommes et femmes, venus des villages de Montagne Blanche et Sébastopol étaient exact au rendez-vous à 5h00 pour le premier jour de l’exercice qui durera jusqu’au mois de décembre. Vers 7h30, ces mythiques coupeurs et coupeuses de cannes recevaient aussi la visite du Field Manager de Constance La Gaiété, M. Jean Philippe Lagane. Une manière de les encourager et de démontrer leur importance dans l’économie du pays à un des moments les plus pénibles de son histoire en raison de la pandémie de la COVID -19.
EST PRESSE y était aussi pour suivre ce démarrage d’une coupe qui, nous l’espérons, se déroulera dans les meilleures conditions qui soient. Ces femmes et ces hommes, pour la plupart, la soixantaine bien sonnée, serpes en main, n’avaient pas besoin de période de rodage. Ce métier, il l’exerce depuis une trentaine d’année. Le mouvement des serpes – régulier à souhait – démontrait en somme l’énergie que ces hommes et ces femmes mettaient dans le travail avant autant de sérieux et d’adresse.
Evidemment, COVID -19 oblige, ils respectaient à la lettre la distanciation sociale sous la supervision de leur bien aimé « contracteur » Bhye Rajesh. Ce dernier tenait solidement sa fameuse « gaulette » en main. C’est alors que nous lui demanderons de nous à quoi sert la gaulette. « C’est pour mesurer des tâches à accomplir surtout lorsqu’on fait la plantation, le nettoyage et l’épierrage et l’application des engrais. Mais, ce matin, elle ne sert à rien. C’est juste mon habitude de toujours l’avoir en main » devait-il nous répondre avant qu’il nous explique qu’une gaulette fait 325 cms, soit 3m25cms ou 10 pieds 7 pouces ¾ lorsqu’on mesure en pied français. Il est aussi bon mathématicien le contracteur.
Rajesh Callychurn, contracteur : « Coupeurs de canne est un métier qui disparaîtra bientôt »
Sans doute, faudra-il méditer sur cette phrase biblique qui dit qu’il faut bien prier pour que le maître de la moisson envoi des ouvriers dans sa moisson. Car, à vrai dire, le métier de coupeur de canne disparaît à vitesse grand V. D’ailleurs soulignera M. Rajesh Callychurn : «c’est un métier qui disparaîtra bientôt. Ces travailleurs que vous voyez aujourd’hui, sont les derniers des Mohicans. Je ne vois personne de la nouvelle génération prendre une serpe ou une pioche pour aller travailler. Le monde a changé. Couper la canne à sucre n’est pas une sinécure. Même mon travail est très difficile. Prendre 30 personnes chaque matin et surtout assurer qu’elles gagnent la vie est une mission très difficile. Mes enfants ne voudront jamais faire mon métier. »
Quelle est la solution ? La mécanisation en est une partie, mais dans un proche avenir, il faudrait peut-être se tourner vers la main d’œuvre étrangère. Les malgaches et les bangladeshis sont souvent cités comme des alternatifs. Des ouvriers pour les futurs moissons!
