Encore déterminant face à Leipzig en Ligue des champions mercredi (1-3), Julian Alvarez confirme son excellent début de saison avec Manchester City. L’Argentin a su profiter de circonstances favorables pour s’imposer comme un maillon fort de l’équipe de Josep Guardiola, à un poste un peu plus reculé qui met en valeur ses nombreuses qualités.
Il est entré et tout s’est éclairé. City avait besoin d’un homme pour faire jaillir la lumière mercredi à Leipzig. Julian Alvarez s’est chargé de lui montrer la voie. Sorti du banc à la 79e minute, alors que l’équipe de Josep Guardiola était accrochée en Allemagne, l’Argentin a fait basculer la rencontre en faveur du champion d’Europe (1-3). D’abord sur une frappe soyeuse pour lui donner l’avantage. Puis avec une passe décisive adressée à Jérémy Doku pour sceller sa victoire. La performance typique du “supersub” qu’il était la saison passée ? Non. Alvarez a pris une tout autre dimension cette saison.
Il n’était remplaçant que pour la deuxième fois sur les douze matches disputés par Manchester City toutes compétitions confondues depuis la reprise. Alvarez a un rendement trop élevé pour que Guardiola puisse se passer de lui. Cinquième joueur le plus utilisé par le technicien catalan (866 minutes), le champion du monde 2022 est le deuxième buteur du club anglais (6 buts) et son meilleur passeur (5 passes décisives). Mais ses statistiques remarquables n’expliquent qu’en partie pourquoi l’ancien joueur de River Plate, arrivé il y a un an pour 23 millions d’euros, est devenu incontournable.
UN IMPACT DANS TOUTES LES POSITIONS
Sa faculté à se montrer décisif, déjà connue, n’est évidemment pas à négliger. Mais c’est bien dans le jeu que sa plus-value est remarquable. Ilkay Gündogan parti, Kevin de Bruyne blessé, Guardiola avait besoin d’un homme en mesure de faire le liant entre son milieu et son attaque, de se projeter vers l’avant pour faire la différence comme de se replier pour garantir l’équilibre collectif. Pour résumer, un joueur capable de jouer 9, 10 voire 8 selon les circonstances de jeu. Alvarez a endossé ce rôle aux multiples facettes, avec une rapidité et une efficacité remarquable.
Il met en valeur l’éventail de qualités dont dispose l’Argentin. “Il est très polyvalent, témoigne Ibrahim Mustapha, journaliste à la rédaction britannique d’Eurosport. C’est probablement un attaquant naturel, mais avec Haaland sur le terrain, il a dû s’adapter pour jouer un peu plus bas comme deuxième attaquant ou même comme milieu de terrain offensif. Mais dans toutes les positions, il a été capable d’avoir un impact. Il fait preuve d’altruisme et d’une grande capacité à aider les autres tout en marquant lui-même. Il a déjà délivré cinq passes décisives, ce qui prouve que son jeu de liaison et ses relations avec ses coéquipiers se développent fortement.”
“DERRIÈRE HAALAND, UNE MENACE INCROYABLE”
Il y a ce qu’Alvarez apporte à City dans cette configuration. Avec une générosité de tous les instants dans les appels et le pressing. Avec, aussi, une créativité évidente au regard de ses passes décisives. Et surtout, une science du jeu qui se lit dans la qualité de ses déplacements. Et qu’il exploite parfaitement avec la liberté offerte par Guardiola. “Julian a tout, la combativité, les buts et les passes décisives, résumait l’entraîneur de Manchester City après la victoire face à Nottingham Forest (2-0). Jouer derrière Erling Haaland fait de lui une menace incroyable.”
Au-delà de tout ce qu’il peut bonifier dans le jeu du champion d’Angleterre, Alvarez change en effet la donne pour les défenses adverses. Elles devaient déjà faire face à une menace permanente en la personne d’Erling Haaland. Mais la présence d’Alvarez leur complique encore plus la tâche. “Les équipes peuvent se convaincre qu’elles ont “trouvé” comment jouer contre Haaland, mais Alvarez, c’est une autre paire de manches, explique Ibrahim Mustapha. Alors que tout le monde se concentre sur son coéquipier, Alvarez est tout à fait capable de tirer parti de la situation.”
INDISPENSABLE AUX YEUX DE GUARDIOLA
C’est l’innovation traditionnelle de Guardiola. Le petit plus que l’entraîneur de Manchester City parvient à donner à son équipe pour lui conférer une autre dimension. Par le passé, il y avait eu le repositionnement de João Cancelo. La saison dernière, celui de John Stones en milieu de terrain, qui avait relancé le club anglais au printemps et contribué nettement à la quête d’un fabuleux triplé. Un “game changer” que le technicien catalan pourrait bien avoir d’ores et déjà trouvé en installant Alvarez dans son onze de départ, à un poste qui le rend lui, mais aussi City, encore plus redoutable.L’entraîneur mancunien est le mieux placé pour savoir que les saisons sont longues. Et à multiplier les rotations de son effectif en conséquence. Mais il y a toujours des éléments dont il peut difficilement se passer et Alvarez n’est pas loin d’en être un désormais. “Le départ de Gündogan et la blessure malheureuse de Kevin (De Bruyne) l’ont conduit à avoir sa chance, expliquait Guardiola après la victoire contre West Ham (1-3). Désormais, il ne peut presque plus être sorti du onze de départ.” Mais même quand il n’en fait pas partie, Alvarez trouve toujours le moyen de faire jaillir la lumière. Celle qui éclaire City.
