Sunday, May 5, 2024
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Câbles sous-marins, l’Europe sous la menace d’un black-out de l’internet

Toutes nos télécommunications publiques comme privées, dépendent des câbles sous-marins. Dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les forces armées occidentales ont envisagé le scénario du pire, celui d’un black-out total de l’internet en Europe en cas de destruction de ces autoroutes de l’information qui sillonnent les fonds marins. 

Nous pensons à tort que nos smartphones, ordinateurs et autres machines informatiques sont reliés les uns aux autres en passant par des connexions satellitaires, par des ondes hertziennes, ou encore par du Wifi. Mais qu’elles soient du domaine grand public ou pour assurer les activités de n’importe qu’elle entreprise dans le monde, la quasi-totalité de nos communications électroniques, y compris nos échanges vocaux par mobiles, dépendent à 99 % des câbles sous-marins. Depuis les récentes déclarations du président Vladimir Poutine sur les « conséquences encore jamais connues » envers ceux qui s’opposeraient à lui, l’hypothèse d’une perturbation sérieuse de l’Internet en Europe en détruisant des câbles sous-marins, mérite d’être prise en considération, analyse Serge Besanger, professeur à l’École de commerce international de Paris et de Lyon et à l’Institut Des Hautes Études Économiques Et Commerciales. 

« Une coupure totale de l’Internet mondial reste toutefois assez peu probable, car cela nécessiterait de la part d’un belligérant de pouvoir sectionner ces câbles simultanément à plusieurs endroits. En revanche, ce qui est considéré en Europe comme hautement probable serait la possibilité de couper l’un des grands câbles transatlantiques qui relient le continent au reste du monde, explique Serge Besanger. Il suffit d’envoyer dans les eaux internationales un “bateau de pêche” entre guillemets ou des bâtiments soi-disant océanographiques, pour effectuer ces opérations de sabotage. Or on constate actuellement que les navires russes sont de plus en plus nombreux à sillonner près des côtes de la France et de l’Irlande par lesquelles justement passent ces autoroutes de l’information du fond des mers ». 

Dissuader de potentielles opérations de sabotage

« Pour dissuader ces bateaux d’agir, il faudrait pouvoir envoyer sur place des patrouilleurs et des frégates. Les flottes, qui sont principalement françaises et celles moins importantes des autres pays européens, sont actuellement en sous nombre, suite aux réductions de budgets décidés par l’Europe depuis 10 ans qui auraient permis de maintenir leur pleine capacité d’intervention, ajoute Serge Besanger. Des financements pour les construire ont bien été votés récemment, mais ces nouveaux bâtiments ne seront opérationnels qu’en 2026 ou 2027. Les actes délictueux auxquels se livrent les grandes puissances mondiales contre les câbles sous-marins existent depuis longtemps. Notamment en 2017 et 2018, avec l’arrachage intentionnel sur plusieurs mètres de ces faisceaux de fibre optiques au fond des eaux qui sont chacun pas plus gros qu’un tuyau d’arrosage de jardin. Cette destruction a entrainé des microcoupures et des perturbations sur les flux financiers et les systèmes informatiques des échanges monétaires internationaux ».

« C’est la raison pour laquelle, la menace d’une attaque sur câbles sous-marins de l’Internet dans ce contexte tendu de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, est prise très au sérieux par les forces armées occidentales. » conclut le Professeur Besanger.

Si depuis l’immersion au 19eme siècle des premiers câbles télégraphiques traversant les océans, les grandes puissances du monde se livrent une « guerre hybride » sous les mers, l’invasion de l’Ukraine par la Russie vient d’intensifier les menaces qui pèsent sur les infrastructures critiques et sous-marines de l’internet.

La question de leur protection a été discutée par les ministres européens des Communications électroniques, lors d’une réunion qui s’est tenue ce 8 et 9 mars dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne. 

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