Shanghai connait un léger recul des contaminations avec 22 248 nouvelles infections rapportées pour la journée de dimanche. Mais les autorités sanitaires signalent aussi officiellement les trois premiers décès liés au Covid-19, depuis le début d’un confinement qui nourrit le mécontentement, notamment en raison du prix exorbitant des livraisons.
Un échange musclé entre un policier en combinaison de protection Covid et un livreur en doudoune rouge a fait le tour des réseaux ce lundi. « Les gens nous demandent d’acheter des choses, c’est normal d’être payé en retour », dit le livreur. « Oui, sauf que vous n’avez pas le droit d’augmenter à ce point le prix de la nourriture que vous livrez», lance le représentant des forces de l’ordre en invitant l’intéressé à le suivre au commissariat, dans un dialogue que de nombreux confinés ont déjà entendu jouer maintes et maintes fois devant leur résidence.
Camionneurs livreurs au grand cœur
Depuis le début des « achats communautaires groupés » mis en place pour pallier au défaut du ravitaillement par les autorités, les prix des denrées alimentaires ont explosé à Shanghai. Quand ils arrivent à destination, certains se plaignant de détournement des marchandises en cours de livraison.
Dans le cas présent, une vingtaine d’œufs et six paquets de nouilles instantanées auraient été facturés 900 yuans (près de 130 euros) aux résidents. Ce qui est rare est cher et même très cher en l’occurrence, quand le confinement est associé à une pénurie de produits de première nécessité et au manque de livreurs.
Pour faire contre-feux à cette inflation qui alimente le mécontentement, la propagande multiplie les messages « positifs » sur le thème notamment de camionneurs livreurs au grand cœur, ne ménageant ni leur peine ni leurs heures pour ravitailler les confinés.
Plus de 40 000 mises en demeure
Sauf que cette fois, et contrairement à Wuhan, le « tous ensemble face à l’épidémie » n’a pas pris. Des internautes facétieux allant jusqu’à attribuer le prix du « meilleur scénario et du meilleur réalisateur » au reportage des médias d’État montrant des rayons de supermarchés pleins à craquer.
Devant les critiques, les autorités ont reconnu publiquement « d’importantes lacunes » dans la gestion du verrouillage et se sont engagées à réprimer celles et ceux qui ne jouent pas collectif, comme un responsable d’achats groupés accusés d’avoir fait grimper la facture de 75%.
Depuis le 14 mars dernier, 41 214 mises en demeure ont été envoyés aux commerçants et intermédiaires, rapporte l’association des consommateurs de Shanghai. Les autorités allant jusqu’à appeler les habitants à les critiquer et à les conseiller sur la bonne manière de faire, tout en renforçant le verrou de la censure. La police de Shanghai a averti les confinés de ne pas parler aux médias étrangers, sous peine de violations des lois et règlements.
