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COVID -19 : En Inde, les morts enterrés à la hâte sur les berges du Gange | Est Presse
Friday, April 26, 2024
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COVID -19 : En Inde, les morts enterrés à la hâte sur les berges du Gange

La police patrouille le long des rives pour contrôler les dépôts de corps.

Dans l’État de l’Uttar Pradesh, la pandémie a décimé et ruiné les habitants des villages. Beaucoup en viennent à abandonner leurs morts sur les berges du fleuve sacré, une situation qui choque tout le pays.

Sur les rives du Gange, Ram Kumar marche, les larmes aux yeux. Ma sœur vient de mourir d’une énorme fièvre. Je suis là pour sa crémation car pour nous, le fleuve sacré assure une meilleure réincarnation. ​Après avoir épuisé ses économies – 50 € – auprès d’un docteur sans diplômes, Ram a dû faire appel à la générosité des membres de son village pour payer la cérémonie religieuse.

Ils sont une vingtaine à contempler le bûcher prendre feu. En temps normal, je fais une dizaine de crémations par mois. Mais ces derniers mois, c’est cinq fois plus !​, raconte le prêtre, qui bénit avec l’eau du Gange. Ram et sa famille ne sont pas les plus mal lotis parmi les villageois de l’Uttar Pradesh. À quelques mètres du bûcher, de nombreux corps sont simplement enfouis dans le sable, recouverts d’un drap.

Signe que le Covid n’épargne plus les villages, ces morts du Gange​, se retrouvent dans tout l’Uttar Pradesh, État le plus peuplé de l’Inde (200 millions d’habitants), fief du Premier ministre nationaliste Narandra Modi aujourd’hui très critiqué pour sa gestion de la pandémie. Faute d’argent pour payer le bois, les proches ont dû se résoudre à les enterrer à la hâte. La stigmatisation liée au Covid-19 peut aussi jouer​, avance CS Verma, chercheur au Giri (Institute of Development Studies) de Lucknow, la capitale de l’État.

Un charnier de draps rouges et oranges

Du haut d’une autoroute, un charnier de draps rouges et orange parsème les plaines inondables à perte de vue. Nous sommes à quelques kilomètres du Sangam, la confluence entre la rivière Yamuna et le Gange, un des lieux les plus sacrés pour les hindous​, se désole un local.

Ces images choquent le pays et jettent le trouble sur les statistiques de l’Uttar Pradesh. Le long d’un ghat, ces escaliers qui descendent sur le Gange, le responsable d’un crématorium dit brûler cinq fois plus de morts que d’habitude​. En l’absence de tests, impossible de savoir lesquels sont liés au Covid, mais quelle autre explication ?

Les structures hospitalières de l’Uttar Pradesh ont été débordées par la deuxième vague et le coût des traitements a ruiné les plus pauvres des villageois​, juge Sandeep Yadav, du parti d’opposition local Samajwadi. Il affirme avoir été empêché de distribuer du bois aux plus pauvres par la police. La veille, il a été arrêté après avoir manifesté pour demander au gouvernement de mettre fin à la situation.

Le 1er juin, une pétition a été déposée auprès de la Cour suprême pour que ces morts du Gange soient déterrés et incinérés dignement, plusieurs corps ayant déjà été retrouvés flottant dans le fleuve. Mais pour l’instant, le gouvernement de l’Uttar Pradesh n’a pas agi. Un de ses députés a affirmé qu’il s’agissait d’une tradition locale.

La grande peur, c’est qu’avec la saison des pluies imminente, les milliers de corps sur les berges soient emportés par les eaux. Il revient à l’État de protéger les droits et la dignité des défunts​, juge l’avocat Manju Jetley, auteur de la pétition.

 

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