Au 13e jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le bilan des civils décédés continue d’augmenter. Parmi eux, Anastasiia Yalanskaya, jeune Ukrainienne qui avait refusé d’évacuer pour aider sur place.

Anastasiia Yalanskaya a été tuée le 4 mars près de Kyiv, la capitale de l’Ukraine. Photo DR

Elle voulait aider, en dépit du danger. Anastasiia Yalanskaya est restée à Kiev malgré la menace des troupes russes. Elle est décédée le vendredi 4 mars. 

« Troisième jour dans la voiture »

Avec deux volontaires, Anastasiia Yalanskaya se rend ce vendredi en voiture à Bucha, à 35 kilomètres de la capitale ukrainienne, dans un refuge pour chiens privé de nourriture depuis trois jours.

« Je lui ai demandé d’être très prudente. Aujourd’hui, une erreur peut coûter extrêmement cher”, raconte son mari à Global News. “Elle aidait tout le monde. Je lui ai demandé d’évacuer mais elle ne m’a pas écouté. »

L’Ukrainienne de 26 ans publie une photo en story sur Instagram, la dernière, où on la voit assise à l’arrière d’une voiture, souriante, avec des sacs de nourriture.

Les heures passent mais Anastasiia Yalanskaya ne donne pas de ses nouvelles dans le fil Telegram qu’elle alimente régulièrement pour ses proches. 

Son dernier message remonte au matin: « Je suis fatiguée. Troisième jour dans la voiture. Pas pu aller jusqu’à Irpin. Ils ont explosé le pont où je suis allée hier. Demain on essaiera d’entrer par un autre côté ».

Sa meilleure amie, inquiète, alerte le père de l’un des volontaires, chez qui le trio devait rentrer après leur livraison au refuge. Il ne parcourt que quelques mètres avant de découvrir la voiture, criblée de balles, et ses occupants, décédés. 

« Nous sommes unis »

Trois jours après leur décès, les corps d’Anastasiia Yalanskaya et des deux volontaires reposent toujours chez le père de l’une des victimes. L’intensité des combats rend leur transport dans une morgue trop dangereux. 

« Elle était l’une des plus belles personnes que j’ai jamais connues. Elle voulait absolument aider, aider ses amis, ses proches et quiconque en avait besoin », ajoute son mari. 

Trois jours avant son décès, Anastasiia Yalanskaya indiquait sur Telegram avoir apporté son soutien à un hôpital militaire ainsi qu’à une maternelle près de Kyiv où 40 enfants étaient privés de nourriture et de couches.

« Nous n’avons pas peur. Nous sommes unis comme jamais nous ne l’avons été. Nous nous entraidons. Nous restons pendant des heures à des barrages routiers pour remercier ceux qui nous protègent. Nous gagnerons. »

Au moins 406 civils ont été tués et 801 personnes blessées depuis le début de la guerre en Ukraine, d’après le bilan dressé ce lundi par le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU. Un bilan probablement très inférieur à la réalité.