Friday, May 3, 2024
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PAQUES : Le Cardinal Maurice Piat : « (…) n’hésitons pas à bâtir des ponts entre voisins, entre ONG, entre les services de l’Etat et l’entreprise privée »

La Pâques, fête la plus importante du christianisme qui marque la résurrection du Christ Jésus au « troisième jour » après la Cène, est célébrée à travers le monde dans la ferveur populaire après 40 jours de pénitence. Au terme d’une semaine ayant débutée par le dimanche des Rameaux, puis marquée par le dernier repas avec ses douze apôtres, à la veille de la Passion, Jésus sera présenté devant « le juge » Pilate par des soldats à la merci des rois. Le Sauveur, né le 25 décembre à Bethléem en Judée, sera malmené, avec une couronne d’épines de rose autour de la tête. Il succombera non sans que Pierre l’a renié trois fois et que Judah l’ara vendu. Pierre se fera pardonner alors que Judah abandonnera le fils de Dieu. Le corps du Seigneur reposera dans un tombeau, mais au troisième jour après y avoir été placé, le Messie ressuscitera…pour sauver le monde. Il est bon de savoir que c’est le concile de Nicée qui fixe la date de la Pâque en fonction de la parution de la pleine lune au premier dimanche qui suit le 21 mars. Ce sont les Églises occidentales qui ont adopté le calendrier grégorien, célèbrent souvent Pâques à une date différente de celle des Églises orthodoxes, qui elles s’alignent au calendrier julien. Le décalage peut aller jusqu’à cinq semaines selon les années. 

Dans notre pays, à l’occasion de la Sainte fête de Pâques, le chef de l’église fait parvenir un message de paix et d’amour à tout le monde. EST PRESSE souhaite une Sainte fête de Pâques à tout le monde et se plaît à publier dans son intégralité le message fort intéressant du Cardinal Maurice Piat. Un message d’espoir, conciliant à souhait, où nous retiendrons sa plaidoirie en faveur de la construction d’une passerelle au sein de notre société sans que personne ne soit left out . 

« Pour surmonter cette crise, toute le monde voit qu’il faut s’entraider, être solidaire, travailler ensemble pour le bien commun. Il y va de notre survie à tous ; car nous sommes tous dans le même bateau, et chacun a quelque chose à apporter pour que tous ensemble nous puissions traverser ce mauvais temps.

C’est pourquoi n’hésitons pas à bâtir des ponts entre voisins, entre ONG, entre les services de l’Etat et l’entreprise privée. Gardons les yeux fixés sur le bien commun. Portons attention aux plus faibles, aux plus vulnérables qui ont besoin d’un coup de mains spécial.

Chers frères et sœurs Mauriciens,

Ce soir je voudrais vous souhaiter à tous de bien joyeuses Pâques. Le Christ, notre espérance, est ressuscité ! C’est une bonne nouvelle, un grand cadeau que Dieu, notre Père, veut faire à tous ses enfants, de toutes cultures et de toutes religions. Car nous sommes tous appelés à ressusciter nous aussi, avec le Christ.

Aujourd’hui, plus que jamais, le Ressuscité demeure une lueur d’espérance au moment où nos vies, celles de nos familles, de nos entreprises, de nos lieux de travail sont bouleversés par la COVID-19. En plus de cette pandémie, nous voilà confrontés à une crise encore plus grave avec la guerre en Ukraine. Nous assistons impuissants à l’horreur du massacre de civils innocents, à la destruction d’hôpitaux, d’écoles, de maisons. Déjà, comme dans beaucoup de pays, nous subissons les contrecoups qui impactent notre économie, font monter les prix et bouleversent les ménages. 

Au milieu de ces épreuves, au cœur de cette nuit, comment discerner les premiers signes d’un soleil qui se lève et qui nous apporterait une lueur d’espérance. Comment recueillir cette joie du Christ Ressuscité au milieu toutes ces incertitudes ?

D’abord, rappelons-nous : Jésus qui ressuscite le 3e jour après sa mort est celui qui, la veille, a été rejeté par son peuple, raillé par les autorités religieuses juives, condamné et crucifié par les autorités politiques romaines et même abandonné par la plupart de ses disciples.

Et cependant, pendant sa vie, Jésus n’avait pas cherché à soulever le peuple ou à prendre le pouvoir, il n’avait accumulé aucune richesse ; il avait simplement porté une attention spéciale aux pauvres, aux malades, aux exclus de la société ; il avait été accueillant envers les gens de toute culture et de toute religion, de tout milieu social, les juifs comme les païens ; les riches comme les pauvres ; il s’était fait proche des pécheurs publics qu’on montrait du doigt comme les prostituées ; les gens de mauvaise réputation, les corrompus.

Mais cette vie humble, simple, ouverte allait à contre-courant et gênait les autorités religieuses comme les autorités politiques de l’époque. C’est pourquoi finalement ces autorités l’ont fait arrêter, et lui ont fait subir toutes sortes d’humiliations, jusqu’à le crucifier comme un criminel.

Et voilà que c’est lui, cet homme pauvre, persécuté et rejeté de tous, que Dieu ressuscite d’entre les morts le jour de Pâques, c’est lui le premier né d’entre les morts.

Dieu, veut-il nous dire par là que ce qui compte dans la vie, ce qui dure pour toujours, ce ne sont pas nos richesses matérielles, notre statut social ou le pouvoir que nous exerçons.

Nous pouvons très bien mener une vie humaine très épanouie sans grandes richesses, sans succès mondain et sans occuper des positions de pouvoir. Mais nous ne pouvons pas vivre sans amour : l’amour c’est comme l’air que nous respirons sans nous en rendre compte ; si nous n’avons plus d’air pur pour respirer, nous mourrons. De même, si nous n’avons plus un minimum d’amour, de bienveillance, de solidarité, notre vie humaine se dessèche et finit par mourir.

En ressuscitant Jésus d’entre les morts, Dieu a voulu nous montrer qu’un homme rejeté, humilié, abandonné de tous comme Jésus, peut continuer à vivre une vie humaine digne et féconde s’il s’accroche à l’amour de Dieu pour lui comme Jésus l’a fait et, si comme Jésus, il continue à aimer ses frères et sœurs humains, même ceux qui le persécutent. Par la résurrection de Jésus, Dieu nous montre que cette manière de vivre où l’on se laisse aimer gratuitement et où l’on aime gratuitement à son tour non seulement est possible, mais que c’est cette vie-là qui dure pour l’éternité.

Aujourd’hui au moment où avec les conséquences de la guerre en Ukraine, nous devons faire face à une crise économique et sociale majeure, Jésus Ressuscité nous invite à lui faire confiance et à semer nous aussi tout autour de nous, l’amour gratuit.  Paradoxalement, cette crise et toutes les privations et les souffrances qui vont avec, peuvent être pour nous une chance car elle nous invite à vivre autrement, à assumer nos responsabilités envers nos frères et sœurs humains et à approfondir le sens de notre vie.

Pour surmonter cette crise, tout le monde voit qu’il faut s’entraider, être solidaire, travailler ensemble pour le bien commun. Il y va de notre survie à tous ; car nous sommes tous dans le même bateau, et chacun a quelque chose à apporter pour que tous ensemble nous puissions traverser ce mauvais temps.

C’est pourquoi n’hésitons pas à bâtir des ponts entre voisins, entre ONG, entre les services de l’Etat et l’entreprise privée. Gardons les yeux fixés sur le bien commun. Portons attention aux plus faibles, aux plus vulnérables qui ont besoin d’un coup de main spécial.

Ces initiatives rencontreront sans doute des obstacles, des oppositions, elles seront peut-être sujet de railleries, comme Jésus l’a été. Mais elles seront aussi comme des grains de blé jetés en terre, des semences qui devront disparaître sous terre, passer par une certaine mort pour pouvoir germer, grandir et porter du fruit. C’est ainsi que dans le sillage de Jésus ressuscité s’ouvriront des chemins de vie nouvelle, des chemins d’espérance.

A Pâques, le Christ nous redit qu’il nous fait confiance. Faisons lui confiance nous aussi. Oui, le Christ ressuscité est vivant parmi nous. C’est lui l’espérance d’un avenir meilleur. C’est dans ce sens que sans hésitation aujourd’hui, au milieu de cette crise et de toutes les peurs et les incertitudes qu’elle entraîne, je peux vous souhaiter à tous la joie de Pâques. Faisons confiance à Jésus ressuscité. Il nous conduira et ce passage que nous avons à faire pour renoncer à une vie centrée sur nous-mêmes débouchera sur une vraie fraternité, une joie profonde, une joie partagée, la joie de Pâques.

C’est de tout cœur que je vous souhaite cette joie de Pâques.

+ Cardinal Maurice E. Piat

Evêque de Port-Louis

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