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Serge Lebrasse : Le dernier des Mohicans souffle ses 90 bougies aujourd’hui | Est Presse
Friday, April 19, 2024
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Serge Lebrasse : Le dernier des Mohicans souffle ses 90 bougies aujourd’hui

Lorsqu’on parle des Arts et de la Culture, on ne peut le louper celui-là. Et pour cause. Il fait partie du groupe des Mauriciens les plus célèbres. Lorsqu’il est dans un lieu public, sa silhouette ne passe jamais inaperçu. Il est même souvent sollicité pour un « selfie », un autographe ou même pour fredonner un de ses multiples ségas qui font déhancher même les plus timides. Lui, c’est Serge Lebrasse. Le dernier des Mohicans du séga mauricien qui compte un répertoire de plus de 70 ségas. Des ségas qui restent de grands souvenirs pour pratiquement tous les Mauriciens et même des étrangers.

Aujourd’hui, 25 juin 2020, Serge Lebrasse souffle ses 90 bougies. Quel bel âge ! Quel beau parcours pour le dernier des Mohicans du séga de sa génération! Ses loved ones à Maurice se sont réunis. Ses enfants et petits-enfants installés à la Réunion et en Australie n’ont pu faire le déplacement pour célébrer l’évènement. Mais, ils ont téléphoné et se sont vus grâce à la téléphonie mobile.  Les vœux s’enchaînent. Joyeux Anniversaire. Bonne Santé. Longue vie. Continue de nous faire vibrer au son de tes ségas.

Ses bons amis, Michel Legris et Fanfan

Cet homme très cultivé, intelligent, calme, sensible aux besoins des autres, n’a pas connu la célébrité d’un moment à l’autre. D’ailleurs, il n’est pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche. Il a travaillé dur et a fait plusieurs petits boulots dont la cordonnerie, la fouille des tranchées, avant de devenir enseignant, puis conseillers au ministère des Arts et Culture. Il a aussi beaucoup voyagé et a connu pratiquement tous les continents, il a visité beaucoup de pays…grâce au séga. Des souvenirs, il en a énormément. Les uns plus intéressants que les autres. Il est fier de son parcours, fier de sa vie, fier de sa famille, de ses enfants et petits-enfants. Des regrets ? Oui, il en a aussi. Les départs de Michel Legris, de Fanfan…ses amis de la ravanne. Son rêve à 90 ans : « viv en parfaite sante ziska ki gran dimoune la ouver la porte ek dir mwa monte».

Il doit sa notoriété, sa réputation à son amour pour la musique, son respect pour les autres, sa persévérance, sa patience et sa passion pour le hard work. Nous l’avons rencontré, avec la complicité de son fils, Toto, que nous remercions sincèrement du fond du cœur, chez ce dernier à Trou d’Eau Douce. Gisèle, son fidèle compagnon, son épouse, son amie y était aussi. Evidemment, à 90 ans, on ne peut pas trop se rappeler de tout ce qu’on a fait à 10 ans. Gisèle, une demoiselle Laverdure, dont le frère, Sydney, a été le pionnier des footballeurs ayant évolué à l’étranger (lui à la Réunion) a servi de memory rewinder lors de notre rencontre.

Son parcours scolaire et professionnel

Serge Lebrasse fait partie d’une fratrie de quatre enfants. Né à la Rue Labourdonnais, à Rose Hill, Serge Lebrasse doit sa passion pour la chanson et la musique à deux grands : Ti-frère et Odette Toosly. Quoique ce soit à 7 ans qu’il s’est retrouvé pour la première fois sur une scène. C’était non loin de chez lui. Non loin de cette demeure où est aussi né l’autre légende du séga mauricien, Serge Legris une année plus tard. A l’école primaire de Saint Enfant Jésus où il s’est retrouvé après un court passage à l’école Bon Secours, Serge Lebrasse était studieux. Il réussit avec brio la sixième avant de décrocher la petite bourse. Cependant, il lui fallait payer le transport pour aller au collège Royal et comme son papa s’était éteint quelques temps avant qu’il n’obtienne les résultats de la petite bourse, il se vit contraint de ranger le cartable. Il lui fallait travailler et c’est dans une entreprise funéraire qu’il décrocha son premier emploi. Son oncle, beau-frère de sa maman, qui trouva qu’il pouvait avoir mieux que ce « bureau de deuil » lui recommanda à un certain Monsieur Besson pour prendre un job dans le département des Bois et Forêts. Mais, il lui fallait déménager et mettre le cap sur Quartier Militaire.

Une tournée dans l’armée britannique en Egypte

Sans doute, c’est là que son destin s’écrivit. Puisqu’il habitera dans une maison située sur une certaine hauteur alors qu’un peu plus bas, il croisa tous les jours le grand, l’unique, le légendaire Alphonse Ravaton, connu comme Ti Frère. « La vie était dure, surtout que nous étions sans papa, parti trop tôt. Je voulais être policier, mais j’étais trop jeune. Le poste d’apprenti forestier était correct. On nous apprenait à soigner et couper les arbres. L’élimination et la conservation étaient notre responsabilité » dit-il avec une certaine fierté. Lorsque M. Besson fut transféré au Quartier Général des Bois et Forêts, je fus nommé pur travailler dans le bureau. Puis, il sera embauché dans l’Education où il occupera les fonctions d’enseignant. Il travaillera principalement dans l’Est, notamment à Bel Air et à Olivia. A des jours ou à des heures précises, il était à la fois prof de musique et prof des sujets académiques. Une délicate intervention chirurgicale modifiera son destin puisqu’il sera attaché au ministère des Arts et de la Culture pour exercer comme Adviser. Le titre, oh ! Combien flatteur, ne changera guère sa simplicité, son humilité, son amabilité et cette envie de toujours aider les autres. Bref, son naturel.

Serge Lebrasse a aussi été affecté à l’armée britannique pendant quelques années et son recrutement pour plus tard prendre le bateau à destination de l’Egypte, il le doit à un petit mensonge, avalé par l’officier qui faisait le recrutement. L’anecdote fait souvent rire son fils Toto. Il n’avait que 17 ans et lorsqu’il se présenta à l’entretien, il déclara qu’il avait déjà 18 ans. « I was fit to be in the army” me fit remarquer le Britannique, responsable de la sélection. Il fallait que je sois dans le Royal Pioneer Core mais on me choisit pour faire partie du Royal Signals Core et j’étais muté à Mahébourg » explique Serge Lebrasse.

Madame Eugène ou le premier séga de Serge Lebrasse

C’est un géant de la musique, Philippe Oshan qui lui a demandé de le chanter. « Nous étions à une fête à Mahébourg et j’avais interprété What you’ve done to me de Alma Coogan avec l’accompagnement musical du maestro de la fanfare de la police, Philippe Oshan. L’inégalable Oshan insista pour que je chante un séga. Et c’est là que j’entonnerais Madame Eugène » dit-il dans un éclat de rires. Pourquoi Madame Eugène ? Le ségatier raconte qu’il a toujours voulu que ses enfants l’émule. « Dans dizef poule pa kapav gagne ti canard. Le pari, je l’ai gagné, puisque mes enfants et même petits-enfants ont été contaminés par le virus de la chanson, du séga » ajoute-t-il avec un sourire qui témoigne cette satisfaction qui l’anime d’avoir porté ses proches dans « son domaine ».  Comme Edith Piaf, il peut lui aussi, chanter « Non, rien de rien, non, je ne regrette rien. »

Serge Lebrasse passe sa retraite paisiblement avec « sa » Gisèle d’amour et  évidemment avec ses enfants et petits-enfants aussi. « Zott tout pren mwa compte pas zis dans Moris mo pei, mais lott kote dilo oci. »

En fait, Serge Lebrasse ne passe jamais inaperçu. Il est vraiment une icône du séga mauricien. A 90 ans, sa voix apporte toujours le bonheur partout. Joyeux Anniversaire et encore de belles années. Ce sont les souhaits de notre équipe à EST PRESSE, à cet homme fort admirable.

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