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CULTURE : Anooradha Rughoonundun raconte «Le corps des vieux» | Est Presse
Tuesday, April 16, 2024
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CULTURE : Anooradha Rughoonundun raconte «Le corps des vieux»

La 21e édition du Festival Regards Croisés à Grenoble, consacré aux écritures théâtrales contemporaines, s’est achevée le 8 mai. Parmi les textes présentés, Le corps des vieux, d’Anooradha Rughoonundun, cette mauricienne qui vit en France, a fortement marqué le public.

Dans les yeux d’Anooradha Rughoonundun, on lit le même mélange de détermination et de doute qui irradie son écriture. Elle a étudié la mise en scène à l’Insas, à Bruxelles, mais elle vit aujourd’hui dans le Trièves, au sud du Vercors (sud-est de la France). Pour subsister, à côté de ses projets d’autrice et de comédienne, elle a multiplié les petits boulots, comme celui d’aide à domicile, en 2016, durant quatre mois.

« C’était un job parmi d’autres. La question du soin, je ne me l’étais pas posée. Dans mon texte, la narratrice dit : c’est un drôle de métier /on se retrouve là parce que pas de diplôme et rien dans le CV/ on te prend sans poser de question / des vieux il y en a des nouveaux tous les jours. »  Elle poursuit : « Pourtant ça n’a rien à voir avec servir des bières ou vendre du pain. Tu entres d’un coup dans l’intimité des gens et au contact de leur corps, dans leur quotidien, leur maison, leurs habitudes. »

Un « vertige payé au Smic »

De ce qu’elle définit comme un « vertige payé au Smic », elle extrait six mois plus tard, en quelques semaines, un texte précis et dense, en partie imaginaire, mais écrit à la première personne. « Il ne s’agissait pas de présumer de sentiments que je ne peux pas imaginer. Mon propos était né de l’envie d’écrire, de partager mon émotion, de dire des choses qui ne sont pas écrites et qui arrivent à tout le monde. »

Lors de la première lecture publique, un spectateur a eu une réaction très virulente. « C’est un texte qui me met moi-même mal à l’aise », reconnaît-elle. « Est-ce qu’il est respectueux ? Est-ce que c’est bien de dire ça, de le dire comme ça ? Est-ce que je suis légitime pour le dire ? »  Au-delà de ces questions, qui n’ont rien de rhétorique, reste la nécessité pour elle d’affronter le tabou. À celui de la fin de vie, s’ajoute celui de la réalité d‘un métier, dure, banale et invisible, elle aussi.

« Chaque jour je m’attendais à ce qu’il y ait un mort derrière la porte » se souvient-elle, et ce n’est pas un hasard si son texte raconte aussi cet événement, pour l’exorciser. La narratrice n’a pas le moindre contact avec ses collègues, elle n’a personne à qui se confier dans le cadre professionnel, et sa vie privée se résume à des rencontres fugaces avec d’autres corps, jeunes cette fois, auprès desquels elle s’abandonne la nuit venue. « Je voulais mettre en scène ces deux solitudes qui se regardent », celle des personnes en fin de vie et celle des personnes payées pour s’en occuper.

Le tabou et l’indicible

« Il y a ce qui est de l’ordre du tabou et ce qui est de l’ordre de l’indicible. Souvent c’est proche et les deux m’intéressent. » Pour raconter cette réalité, elle s’est astreinte à ne rien « romantiser ».  « Je ne garde que les choses qui m’amènent au noyau. Je cherche une façon efficace de dire qui, je l’espère, provoque de la poésie. »

À la lecture menée par Émilie Le Roux, on perçoit immédiatement la nécessité de porter à haute voix et de donner chair à ce texte. Pour narratif et descriptif qu’il soit, il prend toute sa force dans l’oralité du théâtre. « Quand j’écris un texte, j’ai envie de le voir sur un plateau, j’ai envie de voir un corps avec », confie Anooradah Rughoonundun.

Dans ce cas précis, cette envie s’est mêlée de curiosité : « Quel serait le corps d’une comédienne qui dirait cela ? Elle ne parle que du corps des autres. La seule chose qu’elle dit du sien c’est qu’il est jeune. Elle parle aussi de son épuisement. Est-ce que cette fatigue change son corps ? Est-ce qu’elle en est vieillie ? »

Crédit : RFI

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