Sœur André, le 10 février 2021 dans son Ehpad de Toulon. | NICOLAS TUCAT / AFPAfficher le diaporama
Sœur André, une religieuse française de 118 ans, était déjà doyenne de France. Elle est devenue la nouvelle probable doyenne de l’humanité, après la mort de Kane Tanaka, une Japonaise de 119 ans, annoncée hier.
Sœur André est née Lucile Randon le 11 février 1904 à Alès, dans le sud de la France. Elle est issue d’une famille protestante non pratiquante.
À l’âge plutôt tardif de 26 ans, Lucile Randon se fait baptiser. Elle attend encore avant d’entrer dans les ordres à la compagnie des Filles de la Charité, à 41 ans. Là, elle devient sœur André, nom masculin choisi en hommage à l’un de ses trois frères. Affectée dans un hôpital de Vichy (Allier), elle y reste 31 ans, avant de partir en Savoie.
Vieillir et dépendre des autres, « Ce n’est pas terrible »
Aujourd’hui, sœur André vit dans un Ehpad à Toulon, en bord de Méditerranée. C’est dans cet établissement qu’elle a trouvé le soutien nécessaire pour poursuivre paisiblement sa longue vie, même si être « supercentenaire » n’est pas exempt de frustration.
« Ce n’est terrible de ne pas pouvoir faire un geste seule », s’agaçait-elle auprès de l’AFP en février 2022.
Car durant toute sa vie, cette femme n’a pas ménagé ses efforts. Au travail jusqu’à la fin des années 1970, la sœur s’est ensuite impliquée dans la vie communautaire. Âgée de 100 ans, elle s’occupait encore de pensionnaires plus jeunes qu’elle dans son Ehpad.
Emmanuel Macron est son 18e Président
Et sa longévité attire la curiosité du monde entier. Sœur André peut compter sur David, l’un des animateurs de la résidence qui est peu à peu devenu son attaché de presse. Il avait confié à l’AFP être assailli de demandes de journalistes du monde entier, de lettres et de boîtes de chocolats.
Dans son courrier récent, les vœux manuscrits du président de la République Emmanuel Macron. Après sa réélection ce dimanche 14 avril, il reste le 18e Président sous lequel sœur André aura vécu depuis sa naissance, en 1904.
« Je suis moins aimable »
Le 11 février 2022, sœur André a soufflé sa 118e bougie. Comme à son habitude, elle s’est offert son traditionnel cocktail porto-chocolat. Mais plus les années passent, plus la lassitude grandit. « Je ne peux plus supporter les invités, je suis moins aimable », expliquait alors la religieuse à l’AFP.
« J’étais toujours admirée pour ma sagesse et mon intelligence. Maintenant on se moque de moi parce que je suis réfractaire », s’amusait-elle.
Son plus beau souvenir ? La fin de la Première Guerre mondiale
En 2016, elle avait déjà confié aux journalistes que son plus beau souvenir était la fin de la Première Guerre mondiale, « quand [ses] deux frères sont revenus ». « C’était rare, dans les familles il y avait plutôt deux morts que deux vivants. Ils sont revenus tous les deux. »
Quand il s’agit de faire le bilan sur ses 118 années de vie, sœur André confie avoir vu autant « de belles choses » que de « très tristes ».
