En manquant son penalty contre la Suisse (3-3, 5 tab 4), Kylian Mbappé a renvoyé l’équipe de France à la maison. Un échec pour le Parisien, qui n’aura pas inscrit le moindre but au cours de la compétition. Son premier revers de sa carrière.
Il est resté debout, figé dans la surface de réparation, son jardin devenu son cauchemar. Incrédule et sonné, Kylian Mbappé a la bouche fermée, à la recherche d’un second souffle dans la nuit moite de Bucarest. Le Parisien vient de rater le dernier tir au but, précipitant l’élimination de l’équipe de France dès les 8es de finale de l’Euro 2021. Je suis désolé, postera-t-il, plus tard, sur les réseaux sociaux. J’ai voulu aider l’équipe, mais j’ai échoué. Trouver le sommeil sera difficile.
« Il se sent coupable »
Car le Parisien a des choses à ressasser. Et pas seulement cette frappe repoussée par Yann Sommer. Au cours de la compétition, l’attaquant des Bleus n’a pas inscrit le moindre but au fil de 15 tentatives. Il y a trois ans, lors du Mondial russe, il avait fait trembler les filets à quatre reprises pour huit essais. En ce mois de juin, le natif de Bondy s’est surtout distingué par sa maladresse et les occasions manquées. Les statistiques, qu’il affectionne tant et érige en juge de paix, en ont comptabilisé quatre, seul Alvaro Morata, l’attaquant de l’Espagne, hué par un pays tout entier, a fait pire.
C’est évidemment indigne de son standing et de l’ambition qu’il revendique et s’impose. Surtout, malgré un repositionnement sur le flanc gauche, son côté préférentiel, cette disette s’étire dans le temps. Lors des dix derniers matches, Kylian Mbappé n’a converti qu’une seule occasion, sans que cela entame son statut ou tempère son ego, lui qui a hérité des coups-francs et commencé la compétition par un échange musclé avec Olivier Giroud. Kylian se sent coupable, mais il n’a pas à l’être », a tenté de déminer Didier Deschamps.
Impliqué dans quatre des sept buts
Comme ses partenaires, Kylian Mbappé partage la responsabilité d’une désillusion, construite sur une toute-puissance aveuglante, une détermination pouvant confiner à l’arrogance. Il incarne cela dans une compétition où il aura été, toutefois, impliqué dans quatre des sept buts des Bleus.
C’est l’autre paradoxe de cet Euro, où sa vitesse a longtemps été la seule source de créativité de sa formation, où il n’a jamais semblé aussi soucieux du collectif, en témoignent ses progrès dans le repli défensif. Ce match contre la Suisse, avec cette passe décisive à Karim Benzema et cette talonnade inspirée pour Antoine Griezmann sur le second but, résume sa compétition et celle de l’équipe de France. De la classe, mais un manque de présence dans les moments clés.
À 22 ans, Kylian Mbappé n’est sans doute pas près de trouver le sommeil, lui qui n’a toujours pas prolongé avec le PSG et qui se disait lassé par les critiques, au printemps dernier. C’est différent pour les joueurs qui évoluent à l’étranger. Moi, je suis là tout le temps, alors ça parle beaucoup plus. Et il a donné matière, avec son Euro, à alimenter les conversations de tout un été. À rester dans la lumière, au final.
