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Les habits de Mandela ou l’importance du vêtement en politique | Est Presse
Saturday, April 27, 2024
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Les habits de Mandela ou l’importance du vêtement en politique

Nelson Mandela à Durban pour une conférence sur les droits de l’homme (ALAN COXSON / AFP)Nelson Mandela à Durban pour une conférence sur les droits de l’homme (ALAN COXSON / AFP)

Quand Sophie Fontanel plonge dans l’autobiographie de Nelson Mandela et raconte l’émancipation d’un homme, devenu président, à travers ses vêtements…

« Franchement, n’y-a-t-il pas plus important que les vêtements ? » Tel était formulé un reproche, à moi adressé, récemment, sur Instagram. Et je réfléchissais à cette question pertinente, quand un dieu des plus facétieux m’a fait poser les yeux sur un rayonnage de librairie. J’attrapais alors « Un long chemin vers la liberté – LONG WALK TO FREEDOM », l’autobiographie de Nelson Mandela, parue en 1994. Les livres nous choisissent-ils ?

Comme tant d’autres avant moi, j’ai lu ces 750 pages devenues cultes, qui nous font traverser le répugnant apartheid et l’héroïsme de ceux et de celui qui en vinrent à bout. Et voyez comme c’est étrange, la réponse à la question posée sur Instagram était là, dans ces pages.

Nelson Mandela en 1937  (GL Archive)

Par exemple, 1925. Il est question d’envoyer à l’école ce petit Mandela de 8 ans, le plus vif enfant de son village d’Afrique du Sud. Il vit une pièce de tissu entourée autour du corps, or il faut un pantalon pour aller à l’école. Il n’en a pas. Son père a l’idée de couper au genou un de ses deux pantalons. C’est trop large, on dirait une jupe. En guise de ceinture, rien qu’une ficelle. Pourtant, sur le chemin de l’école, Nelson Mandela se sent soudain important.

1938. Nelson Mandela étudie le droit. Il est stagiaire dans un cabinet d’avocats, et son patron lui a cédé un de ses vieux costumes, bientôt si élimé et rapiécé qu’il se désagrège sur le jeune homme qui ne peut s’en offrir un autre, et comprend d’un coup que l’habit fait le moine.

1963. Lors du procès qui va se solder par sa condamnation à la prison à vie, Nelson Mandela choisit de porter une cape en peau de léopard (kaross) de la tribu Thembu, dont il est originaire. Il entend créer un choc entre sa connaissance parfaite du droit (avocat, il assure sa défense lui-même) et cette tenue vestimentaire méprisée par les Blancs.

1964. En prison, Mandela écrit constamment à l’administration pénitentiaire pour obtenir le droit de porter un pantalon plutôt qu’un short. Ses compagnons de captivité ont du mal à comprendre qu’il insiste tant sur ce point, pour lui crucial.

1970. On fournit enfin un costume à peu près correct à Mandela, en même temps qu’on ajoute des légumes et des morceaux de viande à sa ration quotidienne. Quelques jours plus tard, un officiel visite la prison pour évaluer les conditions de détention des prisonniers politiques…

1982. On vient prendre les mesures de Nelson Mandela en prison, et le lendemain, on lui apporte un costume magnifique. C’est le début des « pourparlers » avec le pouvoir, qui aboutiront en 1990 à la libération du futur prix Nobel de la Paix. Occasion de prendre à nouveau ses mesures.

1994. Nelson Mandela est élu président d’Afrique du Sud. Dans ses déplacements officiels, il porte des chemises souples et bigarrées (indonésiennes), inhabituelles pour un homme dans sa position. Il dira : « Après vingt-sept ans passés en prison, je veux m’habiller librement. »

Beaucoup de choses sont plus importantes que les vêtements. Mais les vêtements, c’est important.

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