Thursday, May 9, 2024
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PREMIER LEAGUE- EVERTON, EN LUTTE POUR LE MAINTIEN, EST MENACÉ DE FAILLITE CAR SA REPRISE PAR LE FONDS 777 N’ABOUTIT PAS

Sanctionné de dix points par la Premier League, Everton joue encore le maintien cette saison en championnat d’Angleterre. Pire encore, ce club historique de la PL attend que le fonds d’investissement américain 777 Partners soit autorisé par la Premier League à reprendre le club, sous peine de faillite. Problème : 777, véritable pieuvre de la reprise de clubs en difficulté, n’a plus d’argent.

Frappé d’une déduction de 10 points par la Premier League pour ses infractions répétées aux réglementations financières en vigueur dans le championnat d’Angleterre, menacé de sanctions supplémentaires pour d’autres manquements du même type, le doyen des clubs de Liverpool n’est sorti de la zone rouge qu’à la différence de buts après le 1-1 arraché en toute fin de rencontre face à Crystal Palace, lundi.

La relégation n’est pourtant pas le plus grand danger qui guette l’ancien membre du ‘Big 5’. C’est la faillite, alors que des centaines de millions ont déjà été engloutis dans le nouveau stade qui, Dieu sait comment, est toujours en construction sur le dock de Bradley-Moore. Les résultats financiers d’Everton donnent le tournis: 486 millions de pertes entre 2018 et 2022 représentent un gouffre que le propriétaire actuel Farhad Moshiri, longtemps associé à l’oligarque russe sanctionné Alisher Ousmanov, n’entend plus combler.

Aussi fut-on soulagé du côté de Goodison lorsque, le 15 septembre dernier, le même Moshiri annonça qu’un accord de vente avait été conclu avec le fonds d’investissement américain 777 Partners.

Mais cinq mois plus tard, la Premier League n’a toujours pas validé l’acquisition. 777, dont le co-propriétaire Josh Wander était dans les tribunes des Toffees lundi dernier, attend toujours que le feu passe au vert. Il a ses raisons d’être impatient, comme on va le voir. Les fans, eux, se demandent comment il se fait que les choses traînent à ce point quand il n’avait fallu que quelques semaines pour que Sir Jim Ratcliffe voie la PL bénir sa prise de participation de 25% dans le capital de Manchester United.

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Dwight McNeil et Amadou Onana (Everton)

Crédit: Getty Images

PLUS DE 200 CLUBS CONTRÔLÉS PAR 777 EN EUROPE

C’est une question que je ne me pose plus depuis longtemps, pour la simple raison que voilà plus de six mois que mon confrère britannique Paul Brown et moi publions article sur article (nous en sommes à quatorze à ce jour) traitant de 777 sur le site du magazine norvégien Josimar, et que ce que nos recherches ont mis à jour expliquent sans doute pourquoi la Premier League prend le temps de prendre tout son temps, et continuera à le prendre, même si elle entend tout faire pour éviter que l’un de ses clubs fondateurs morde la poussière. Tout, sauf risquer pire encore.

C’est que 777 est un animal à part dans la meute qui déferle aujourd’hui sur le football européen, ces milliardaires et fonds d’investissement, pour la plupart américains, qui ne jurent que par la multi-propriété de clubs et qui, selon les recherches du journaliste d’investigation anglais Steve Menary, en contrôlent aujourd’hui plus de deux cents sur le vieux continent.

Mais 777 n’est ni Elliott, ni Red Bird, ni Clearlake, ce qui ne les a pas empêché de prendre le contrôle en tout ou en partie de six clubs entre l’automne 2021 et le printemps 2023, après avoir testé l’eau en achetant quelques pourcent du capital de Séville trois ans plus tôt (*). Ces clubs, ce sont Genoa, le doyen du calcio, Vasco da Gama, l’ancien vainqueur de la Copa Libertadores, le Standard de Liège, porte-étendard du football wallon depuis 125 ans, le Hertha BSC, Melbourne Victory FC en Australie et, en France, le Red Star FC.

Il s’agit pour la plupart de clubs historiques, profondément ancrés dans leurs communautés, mais en situation précaire tant sur le plan sportif que sur le plan financier, parmi lesquels Everton se sentirait naturellement en compagnie. Vu ainsi, le modèle est séduisant. L’ambition serait de réveiller des géants. Bravo. Comment ? Avec de l’argent, cela va de soi; mais de l’argent, 777 n’en a plus, à en croire les informations et les documents que nous avons reçus; et celui qu’ils dépensent n’est pas le leur.

Le groupe, qui dit gérer 9 milliards de dollars d’avoirs (*), avait perdu plus de 400 millions en l’espace des six premiers mois de 2022. La situation ne s’est pas améliorée depuis. 777re, la société de réassurance du groupe qui a prêté plus d’un demi-milliard à des entités engagées dans le football, a vu sa notation de crédit passer de A- (‘excellent’) à C- (‘faible’) en l’espace de cinq mois. Tous les clubs de 777 perdent de l’argent (le vénérable Standard, 20 millions par an), et la plupart d’entre eux sont endettés jusqu’au cou, Genoa à hauteur de plus de 210 millions, bien que le fisc italien ait accepté de réduire de 65% son ardoise, sans quoi le club ligurien aurait dû mettre la clé sous le paillasson.

Hertha, descendu en 2. Bundesliga après la prise de contrôle des Américains, ne va pas mieux. Le propriétaire des bureaux new-yorkais de la société a dû aller devant le tribunal pour réclamer le paiement de la caution dûe, mais impayée, par son locataire. On pourrait multiplier ces exemples, dont aucun ne fait penser que 777 puisse redresser la barre dans un avenir proche – ou plus lointain.

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Alex Iwobi en action avec Everton

Crédit: Eurosport

Sur le terrain, les choses vont un peu mieux, mais tout juste. Le Red Star, dont les supporters ne cachent pas leur opposition à la multi-propriété de clubs, est le bon élève de la classe, mais en National. Genoa (descendu en Serie B lors de la première année de 777 à la tête du club) se maintiendra. Melbourne Victory FC a des hauts et des bas en cet été austral mais demeure dans le Top 4 de la A-League. Pour le reste… Vasco s’est sauvé de la relégation le dernier jour du championnat du Brésil, Hertha ne remontera pas en 1. Bundesliga, et le Standard vit la pire saison de son histoire.

Si 777 se maintient à flot, tout juste, c’est grâce à la générosité d’un bienfaiteur au passé trouble, Kenneth King, dont les compagnies d’assurance A-Cap et Haymarket ont prêté plus d’un milliard – vous avez bien lu – à 777. King n’a pas vraiment le choix. Si 777 s’écroule, lui aussi s’écroulera. Il doit donc maintenir en vie ce qui ressemble de plus en plus à un “empire” agonisant, même si cela n’empêche pas les salaires d’être payés en retard et les actions en justice de se multiplier contre le fond de Floride et ses affiliés.

On se demandera comment il se fait qu’un fonds d’investissement qui doit emprunter, parfois à des taux prohibitifs, pour continuer de simplement exister, a pu prêter pas loin de 200 millions à Everton depuis l’accord de vente conclu au mois de septembre. L’explication la plus vraisemblable est que l’acquisition du club de Liverpool donnerait aussi les clés du nouveau stade à l’investisseur, qui pourrait alors hypothéquer ce bien et procéder à une levée de fonds se chiffrant en centaines de millions, ces centaines de millions après lesquels 777 n’en finit pas de courir, en tirant de plus en plus la langue. D’où ce qu’a pu me dire un familier du dossier: “777 a davantage besoin d’Everton qu’Everton a besoin de 777“.

La prudence de la Premier League peut donc se comprendre, d’autant plus qu’un nouvel acheteur potentiel, qui se dit prêt à engager un milliard, se serait manifesté. Sauver Everton, oui, mais pas à n’importe quel prix.

(*) 777 tenta de faire sauter le conseil d’administration du club sévillan peu de temps après sa première prise de participation, mais échoua dans cette tentative. La part du fonds américain est aujourd’hui de 14%, via une société espagnole qui, curieusement, est aussi propriétaire de Genoa.

(*) 777 Partners LLC, étant une entité privée domiciliée dans l’état du Delaware, ne sont pas tenues de publier leurs comptes.

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Les joueurs d’Everton luttent pour le maintien en Premier League lors de la saison 2023/2024

Crédit: Getty Images

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