LIGUE 1 – Lionel Messi doit-il prolonger au PSG ? Ou, plutôt, le PSG doit-il tout faire pour prolonger Lionel Messi ? Le club parisien semble convaincu du bienfait d’une telle opération même si les négociations financières sont encore en cours. Mais, pour le bien de son projet sportif, il serait temps que Paris arrête les frais.
Une réponse évasive. Pourtant habile communicant, Christophe Galtier s’est quelque peu emmêlé les pinceaux ce vendredi en conférence de presse au moment d’évoquer la possible prolongation de Lionel Messi. “Je sais que ‘Léo’, la direction sportive et le président échangent beaucoup, a-t-il expliqué. Je ne connais pas les tenants et les aboutissants des discussions parce que je veux rester concentré sur l’équipe et les matchs. Quant à savoir si Leo doit être là la saison prochaine… je l’ai déjà dit, c’est aussi la volonté des uns et des autres”. Comment interpréter ces mots ? En précisant, déjà, qu’il n’a pas dit clairement “oui”. Est-ce “la volonté des uns et des autres” de voir Messi rester au PSG ? Ou plutôt, “la volonté des uns et des autres” n’est-elle pas encore suffisamment affirmée en l’état ?
Le souci pour Paris, c’est que c’est bien Messi qui semble détenir les clés de ce choix pourtant crucial pour l’avenir du club parisien. Par l’intermédiaire de Luis Campos en février dernier, le PSG avait déjà affirmé vouloir tout faire pour garder le champion du monde argentin. Depuis, le numéro 30 parisien est passé complètement au travers de son 8e de finale face au Bayern Munich, à l’aller comme au retour, sans qu’il soit le seul responsable.
Reste cette question : Paris doit-il s’entêter avec un joueur qui n’a pas apporté ce que son arrivée charriait de fantasmes ? Dans un monde idéal, pour QSI en tout cas, sans fair-play financier, sans grille salariale contrainte et sans limite de dépenses, conserver Messi aurait tout de l’évidence. L’Argentin, comme l’a listé Galtier en conférence, pèse lourd statistiquement et a retrouvé un niveau proche de celui entrevu à Barcelone lors de ses dernières saisons, avec notamment une implication dans le jeu parisien bien plus prononcée. Le champion du monde est aussi une tête d’affiche planétaire, un symbole marketing puissant et un vecteur de revenus incontestable.
ABANDONNER LA MNM, UNE NÉCESSITÉ VITALE POUR RECONSTRUIRE
Mais, comme en C1, Paris risque d’être rattrapé par les réalités de son projet. La première vérité, c’est qu’en 2023 Messi ne justifie pas un salaire à 41 millions net par an. Depuis le début de sa carrière, c’est toujours à la hausse que l’Argentin a renégocié ses émoluments, causant aussi en partie la chute de la pyramide de Ponzi barcelonaise. Est-il disposé à négocier un rabais pour rester une année de plus en Europe ? Si oui, sera-ce seulement suffisant pour permettre à Paris d’aborder sereinement un mercato où de nombreux salaires imposants (Paredes, Icardi, Navas, Wijnaldum) feront leur retour dans l’effectif ?
La réponse se trouve dans la question.La réalité est simple : si Paris veut vraiment se réinventer et se donner de la latitude, il doit abandonner sa MNM, ingérable financièrement et difficilement adaptable tactiquement. Autrement, c’est un nouveau mercato sous contrainte qui se profile, avec la nécessité de vendre, ce que Paris ne sait pas faire, et la difficulté de se renforcer réellement sans abîmer une masse salariale qui déborde déjà. Pourquoi Luis Campos n’a-t-il pas pu aller au bout de ses idées l’été dernier, notamment concernant les pistes Lewandowski et Skriniar ? Justement parce qu’il était bloqué par les contingences parisiennes.
Alors, pourquoi Messi et pas un autre ? Simplement parce que l’occasion fait le larron. En fin de contrat en 2023, il est bien plus simple et bien moins coûteux de se séparer de lui que de Neymar. Le Brésilien, qui a tanné son pote Messi pour qu’il le rejoigne à Paris, pourrait bien être celui qui le pousse dehors. Son contrat qui s’étire jusqu’en 2027 fait de lui un joueur hors-marché où aucun club européen, pas même Chelsea, ne sera disposé à offrir une somme conséquente ainsi qu’un salaire royal pour un joueur de 31 ans dont les soucis à la cheville posent de vraies question pour l’avenir. Ajoutez-y la volonté du “Ney” de rester et vous comprendrez pourquoi Messi a le profil du sacrifié nécessaire.
LE REAL AVEC RAMOS OU RONALDO, LE BAYERN AVEC LEWANDOWSKI
Pas sûr que l’hypothétique départ de l’un des plus grands joueurs de l’histoire du football suscite une vraie levée de boucliers parmi les supporters historiques du PSG. De son passage à Paris, on ne retient finalement pas grand-chose sportivement. Le souci, c’est qu’historiquement, Paris a du mal à couper le cordon avec le clinquant.
Quand le Real Madrid n’a pas hésité à exfiltrer Cristiano Ronaldo en 2018, n’a pas versé dans le sentimentalisme au moment de plancher sur la rénovation de Sergio Ramos en 2021, quand le Bayern Munich n’a pas cherché à retenir Robert Lewandowski contre son gré, Paris voit toujours dans ces départs de grands noms des coups donnés à son prestige, et donc, à ses yeux, à sa légitimité.Mais les grands clubs, justement, savent prendre les décisions qui s’imposent. Celles qui font sens, sportivement et économiquement, pas forcément médiatiquement. Si Campos et Galtier veulent avoir une vraie chance d’offrir le projet promis à Mbappé l’été dernier, celui pour lequel ils ont été choisis, le choix semble évident. Mais ont-ils seulement la main pour ce genre de décisions ?
